Quelle est la différence entre une Low-Tech?

Bonjour,
Je me pose une question qui semble d’apparence assez simple, mais à laquelle je n’ai encore pas trouvé de réponse convaincante à ce jour.

Du point de vue de ingénierie, voyez vous des différences importantes dans les méthodologies de conception utilisées pour les low-techs par rapport à des activités de conception dites standard ? Autrement dit, est ce que les méthodes ingénierie nécessitent d’être adaptées ou s’agit-il simplement d’utiliser des méthodes relativement similaires mais en incluant des « objectifs et ou des indicateurs low-techs » dans les critères de décisions ? Est-il nécessaire de faire beaucoup plus que intégrer les notions de sobriété, maintenabilité, accesiblité, perenité etc. dans les crtières et indicateurs de conception depuis la formulation du besoin et jusqu’a la fin du processus ?

merci de vos retours
Guillaume

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Reviens au G-SCOP on travaille sur la question, tu es bienvenu !!
:wink:

Pour ma santé mentale, jxe préfère collaborer avec Cédric et toi depuis l’INRIA… Peut être même qu’il serait profitable pour toute la communauté d’échanger de manière ouverte ici sur la problématisation de la chose… Non ?

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Yes, je vois… pour le reste, bonne idée. On a une master qui travaille sur la question de la réparabilité, on pourra mettre en ligne ses résultats et débattre… On n’est pas vraiment sur le lowtech mais sur la transformation des pratiques industrielles et l’impact sur la conception des produits. On parle plutot de frugalité en ligne avec les approches sur l’ingénierie frugale dans les pays du sud… A suivre…

Quelques idées à chaud (et peut-être naïves, mais je me lance) : une des grosses différences à mes yeux serait qu’en plus d’utiliser des méthodes classiques ingénieurs appliquées aux critères Low-Tech (durabilité, et accessibilité & utilité même si plus difficiles à quantifier), l’implication des usagers dans les phases de conception est ici essentielle pour avoir des objets low-tech, qui répondent réellement au besoin et aux critères. Si on reste sur une approche conception ingénierie et livraison d’une solution, on aura quelque chose de pas réellement :

  • durable car l’utilisateur ne saura pas nécessairement réparer
  • utile car pas complètement adapté au besoin, du fait des écarts quasi systématiques entre usages attendus dans les cahiers de charges et usages réels
  • accessible car la phase de conception n’était pas transparente

On viendrait donc mobiliser des méthodes de sciences participatives par exemple, pour de la conception participative. Ce type de pratiques est peu mis en place et enseigné en ingénierie à mon sens, même si des expériences existent bien sûr (au GSCOP par exemple :wink: ).

@Alexandre_G et d’autres qui enseignent sur ces sujets : des idées / réactions ? :slight_smile:

Je suis d’accord avec toi car le coté besoin, compréhension et réparabilité me semble central. Il y a donc une dimension humaine et sociale qui n’est pas présenté de manière indispensable d’habitude.

@BernardT @SachaH @boujut @cedricM
Je suis tout à fait d’accord avec le fait que concevoir des Low-Tech implique la prise en compte des critères que vous mentionnez. Par contre, ce qui ne reste pas clair pour moi c’est de savoir si la prise en compte de ces critères peut se faire avec les méthodes de conception existantes (les expériences de @martial à grenoble-inp vont dans ce sens) ou si il est nécessaire de changer « des choses » (lesquelles ?) dans les méthodes de conception ?

Hello !

Pour ce qui est des méthodes de conception, je pense que ça dépend surtout de l’échelle à laquelle tu places ton design : design-tu un produit ? un service ? un système de produits-services ? un système socio-technique ? On n’utilise pas les mêmes outils pour ces différentes échelles.

D’un autre côté, ça dépend aussi de la façon dont tu souhaite impacter l’humain dans ton design : est-ce que tu es + centré sur la performance technique du matériel (pas très humain) ? ou est-ce que tu as une conception centrée usage ? ou est-ce que tu as une conception qui intègre les questions de diminution de la consommation ? de changements de comportements de communautés entières (regardes le mouvement des transition towns :wink: )? de système sociotechnique ?

Toutes ces échelles différentes demandent d’utiliser des méthodes différentes, aussi parce qu’elles proposent de conduire le changement à une échelle +/- grande et +/- contextualisée dans les usages. Mais selon le designer et/ou la communauté derrière, la finalité sera +/- low tech, à mon avis, justement car au niveau des critères des low tech, on est sur de la soutenabilité forte en ce sens qu’elle place le besoin au coeur de la question, avec la limite des ressources disponibles. Comme le disait @Alexandre_G dans un autre feed, les LT peuvent être vues comme une éthique. Mais la conf d’Alexandre et de William Bernaud à Apala au Festival Low Tech en parlent mieux que moi.

Voilà, j’espère que ça t’aide !
On peut bien sur en discuter plus longuement, le livre sur lequel je me base pour parler de la méthodo est en open access et recense des méthodes de conception soutenable :slight_smile: : https://www.taylorfrancis.com/books/oa-mono/10.4324/9780429456510/design-sustainability-fabrizio-ceschin-i̇dil-gaziulusoy

Et justement, je suis assez intéressée pour discuter avec la communauté de comment placer les Low Tech sur le graphique final, parce que je propose de le mettre en troisième axe, mais il y a peut-être des nuances à mettre… Si vous avez des idées n’hésitez pas :slight_smile:

Hello,

Je pense que les méthodes que tu utilises pour concevoir dépendent de ce que tu conçois et tes compétences. Donc si tu es un prof avec une classe pour un projet de 1 semaine ce ne sera pas la même chose que si tu es une asso qui organise un chantier participatif de 100 personnes.

La question serait : Avec les valeurs associées aux low-tech, quelles sont les organisations de production qui émergent et qu’est-ce qu’elles ont en commun en plus des valeurs ? Qu’est-ce qui émerge dans les pratiques, l’organisation, le modèle économique …

Donc faudrait faire du terrain (c’est ce que je fais en tout cas) pour à la fin proposer une réponse à ta question : qu’est-ce qu’il faudrait changer dans l’ingénierie actuelle ?

Une hypothèse, que @SachaH fait, serait l’utilisation de méthode de conception participative.

Quelles autres hypothèses est-ce que qu’on pourrait faire ?

Salut!
Je me lance dans une réponse parce que ça a failli être le sujet de ma thèse que j’ai récemment commencée :slight_smile:
Je trouve la question très intéressante et je vais essayer d’y répondre uniquement sur le plan technique et de la conception des produits, en supposant que la question du besoin, de l’utilité et de tout le contexte social est déjà pris en compte (grosse hypothèse, je l’accorde, mais je ne parle que de mon propre domaine académique).

En gros, comment munir un ingénieur ou bien un concepteur en herbe d’outils de conception low-tech?

Parmi ces outils, je distingue les méthodologies (1.) des indicateurs. (2.)

  1. Pour faire un parallèle avec l’éco-conception / conception soutenable: quand un concepteur souhaite créer un produit soutenable et qu’il part de zéro, il ne peut pas encore utiliser d’indicateur car il n’y a rien à mesurer pour le moment. En revanche, il peut utiliser des méthodologies pour guider ses choix. On peut parler « d’heuristiques », de « principes » ou encore de « guidelines ». Je ne peux que recommander la revue de litterature d’Audrey Tanguy à propos de 7 principes clés low-tech (https://doi.org/10.1080/15487733.2023.2170143).
  2. Ces méthodologies restent souvent très « haut-niveau » et ne permettent pas de mesurer l’impact effectif d’un produit. C’est pourquoi, à un moment suffisamment avancé de la conception, on peut utiliser des indicateurs et mesurer qualitativement les performances environnementales et/ou sociales d’un produit (Analyse de Cycle de Vie, et ACV sociale). Pour les low techs, un indicateur reste encore à définir, et ce n’est vraiment pas une tâche évidente, car il faudrait déjà s’accorder sur une définition plus ou moins standardisée de qu’est-ce que ça veut dire qualitativement « low-tech ». Je sais que Florence Drouet (Campus de la Transition) a travaillé sur un indice de complexité par exemple.

J’ai quelques éléments personnels à vous partager: des idées pour une conception low-tech:

Matériaux:

  • Economie circulaire (récupération, ré-utilisation, upcycling)
  • Terre, argile, céramique
  • Papier, carton
  • Bois: bamboo, chanvre, lin

Mécanisme:

  • Compliant mecanism
  • Origami

Energie:

  • Solaire
  • Humaine
  • Gestion: économiser, localiser, optimiser

Je ne spoile pas tout, mais j’espère que ma réponse peut apporter quelques éléments à méditer :slight_smile: