Introduction/Présentations Low Tech aux étudiants

Bonjour tout le monde,

Comme évoqué dans ma « présentation nouveaux membres », je suis en train d’organiser des workshops Low Tech au maker space de Duke University aux US. Pour cela, je pense faire une présentation du Low Tech aux étudiants en quelques slides, en mettant l’accent sur le fait que c’est avant tout une démarche/philosophie et pas seulement du DIY (30 min maximum sans doute). Ce sera suivi de tutoriels du Low Tech Lab (lampe solaire, four solaire, séchoir solaire, etc.).

Je crée donc ce thread pour discuter de la meilleure façon d’introduire le Low Tech à des étudiants, et en particulier, comme c’est le cas ici aux US, à des gens qui en ont jamais entendu parler, mais qui baignent dans le green washing à travers le système universitaire. Il sera d’ailleurs intéressant de comparer l’enseignement Low Tech dans des contextes académiques très différents (France vs US). Notamment, aux US, il faut faire très attention à ne pas attiser la polarisation du débat publique (e.g. « woke » vs conservatives); par exemple, ici on pourrait trouver des gens de tous bords à des ateliers de permaculture, certains pour raison écologique, d’autres pour se soustraire au gouvernement fédéral « tyrannique ».

J’aurais donc 2 questions pour commencer:

  1. Quelle est votre angle d’attaque pour introduire le Low Tech aux étudiants ?

  2. Selon votre expérience, quels workshops intéressent le plus les étudiants ? Ici je sais qu’il faut faire des projets suffisamment « eye candy » pour les étudiants, et pour que l’université puisse en tirer une bonne publicité.

Je serai ravi de partager ma présentation plus tard, peut-être sur une plateforme open-source qui existe déjà ou qu’on pourrait mettre en place?

Merci bien,
Alex

2 « J'aime »

Bonjour Alexandre,

Super de lancer cette discussion ! Une plateforme de partage des ressources pédagogiques autours des Low-Tech n’existe pas encore, si ce n’est un Zotero qui rassemble les productions de projets étudiants. Mais nous comptons bien déployer une telle plateforme dans les semaines à venir :slight_smile:

Du côté de l’introduction aux Low-Tech, de nombreuses approches sont possibles. Deux que je connais personnellement :

  • passer par l’action associative, avec la présentation de projets à travers le wiki ou les enquêtes du Low-tech Lab par exemple. J’ai par exemple pu faire une telle présentation aux étudiants ingénieurs de l’école ENSE3 à Grenoble.
  • avoir l’espace pour faire des cours autour de la thématique, comme ce qui se fait à Grenoble INP depuis l’an dernier par le prisme des besoins (se nourrir, se loger, se déplacer, …) (partage des supports à venir), ou à Nantes depuis cette année.

Je laisse les autres compléter :slight_smile:

3 « J'aime »

Salut,
Comment faire découvrir le low-tech à un publique qui découvre le concept ?
→ Je n’ai pas d’expérience avec des étudiants mais un essai de « facilitation graphique » à destination d’un public large en collaboration avec l’artiste VITO :
https://www.researchgate.net/publication/356555098_Le_village_des_low-tech_par_VITO
(C’est en français et nous souhaiterions éditer une version anglaise … )

→ Une introduction vers des profils d’ingénieurs, techniciens, chercheurs (dans la communauté de l’océanographie). Avec Benjamin Pillot, nous avons tenté une approche avec une liste de fiches concepts « pièges » et « clefs » autour des technologies. La cible ici, c’est des low-tech pour la recherche …
https://www.researchgate.net/publication/363567987_La_demarche_Low-tech_vers_une_Recherche_durable

Si ça peut t’inspirer …

Guillaume

3 « J'aime »

Salut Alex,

Pour ma part, j’ai introduit les low-tech dans une option l’an passé (réhabilitation énergétique des bâtiments pour des 5ème année cycle ingé BTP). J’ai proposé de leur faire faire une étude de faisabilité sur des projets réels: 3 maisons individuelles (3 groupes projets). Ils devaient proposer des réhabilitations low-tech.
Sur les 6 semaines, la première a été dédiée à l’introduction aux low-tech. J’ai sélectionné des ressources, ils en ont partagé l’écoute et la lecture, puis ils ont restitué au groupe leurs apprentissages.
Cela a permis qu’ils jouent tous le jeu et qu’ils se cultivent sur le low-tech.
J’ai ensuite organisé des débats pour faire « mûrir » la réflexion, et une conférence avec Philippe Bihouix.
Les semaines suivantes ce sont des professionnels de l’énergétique et plutôt orientés low-tech qui sont venus faire cours (eclow-tech pour les installations chauffage par exemple, IsolenPaille pour des solutions d’isolation par l’extérieur…)
Les points positifs:

  • projets réels
  • Intervenants experts et convaincants
  • conférencier intéressant
  • le fait de devoir restituer leurs apprentissages aux autres a bien fonctionné
  • les débats avec des personnes bienveillantes et cultivées sur le sujet

Les points négatifs:

  • la sélection des ressources est un peu longue
  • il faut une bonne latitude de mouvement sur l’organisation des séquences d’apprentissage
  • la difficulté de trouver des projets réels

Je compte renouveler l’expérience cette année, avec un nouveau projet fil rouge, et je suis pour les échanges de supports, bonnes pratiques et bonnes idées :slight_smile:

Bonne soirée
Clémence

3 « J'aime »

Merci, deux très bons documents ! Je n’hésiterai pas à les citer, j’essaie aussi d’utiliser l’approche « pitfalls/keys ».

Merci, cela me semble une bonne structure pédagogique; j’aime particulièrement l’approche « active and shared literature review » et je suis content de voir que ça marche bien.
En effet, la force, mais aussi la difficulté, d’enseigner le Low Tech est de trouver des projets ancrés dans les problématiques locales (d’autant plus aux Etats-Unis).

Le fil rouge que je suis pour l’embryon de workshop que j’organise ce semestre au maker space de mon université est la lampe solaire. 1) Cela permet à chaque étudiant de repartir avec leur propre Low Tech à la fin et d’essayer différentes approches (sturdy outdoor lamp, cosy indoor lamp…). 2) Les étudiants sont a priori naturellement intéressés par les gadgets électroniques, mais ignorent en partie les problématiques derrière leurs usages (obsolescence programmée, recyclage du lithium…).

Je me concentre en particulier sur l’aspect esthétique qui, selon le manager du maker space, pourrait être l’obstacle principal à l’intérêt des étudiants pour les Low Tech. Cela semble confirmé plus généralement par un récent papier en France (avec input du Low-Tech Lab) - il faut aussi penser à rendre les Low Tech sympa à utiliser:
The user experience of low-techs: from user problems to design principles (Clément Colin, Antoine Martin)

J’essaierai de revenir avec un retour d’expérience d’ici quelques mois après le workshop.

Alex

Bonjour Alex,

Merci pour ton post, qui permet de découvrir plein de supports vraiment très bien fait ! merci à tous pour vos partages !

De mon côté, j’ai donné une conférence intitulée : Introduction au Low Tech.
Elle était destinée à des étudiants Bac+3 en design produit, design graphique, mode, et architecture.

J’ai pris le parti de leur introduire le sujet des low tech avec 3 pré-chapitres qui sont : La résilience, La technologie, la Sobriété.

Ensuite, le but était de leur faire découvrir les low tech, et justement de les convaincre qu’il ne s’agit pas que de bricolage, et d’appréhender le côté « démarche low tech » et « lower tech ».

Enfin, j’ai voulu appuyer sur la Désirabilité , que je considère comme nécessaire pour permettre la diffusion de ces technologies « douces ». Comme c’était des étudiants en design, le but était de les convaincre qu’ils étaient les mieux placés (des experts de la désirabilité !) pour permettre cette diffusion nécessaire.

Clairement il serait super de pouvoir créer une bibliothèque avec tout nos supports. Peut être en collaboration avec le site du Low Tech Lab ?

Voilà, en attendant, j’aimerai mettre mon power point à dispo (comme ça il y a les notes de conférence avec) et éditer un pdf aussi. Mais je ne sais pas trop quelle est la meilleure méthode… Un lien public vers mon drive ?

A bientôt !
Nico

3 « J'aime »

Merci pour ton retour d’expérience Nicolas, c’est super que tu prennes l’entrée désirabilité auprès d’étudiants en design !
Pour le partage de document, un lien vers un drive ça peut être super oui, format PDF pour que ce soit accessible même sans licence ppt, et si possible avec sous licence libre (comment choisir une licence libre?).
Concernant une bibliothèque de ressources, c’est clair que ça devient nécessaire ! On y travaille avec @emlaurent, on essaie de revenir vers vous assez vite avec une proposition :slight_smile:

2 « J'aime »

Bonjour tout le monde,

J’ai pris le temps de réaliser un dossier partagé, dans lequel je mets à disposition des étudiants des ressources sur les Low Tech, et mes mes supports de conférences.
Je vous mets à dispo le lien également.
J’échangerai avec plaisir avec vous tous pour améliorer le contenu !
https://drive.google.com/drive/folders/1HR-3qk7NLdCORmTEQAp9SYA9sOGwMAIa?usp=sharing

A bientôt !
Nicolas

4 « J'aime »

Bonjour, voici le cours que j’ai utilisé pour les Mines de Saint Étienne en Novembre 2022 (option Environnement) : https://cloud.leviia.com/s/ZnIy.Rscm9sKxNfiSpke

Leviia c’est comme un Drive mais sur un serveur français.

5 « J'aime »

Bonsoir ,

Merci beaucoup pour vos partages. Je continue doucement de refondre mon ooption de réhabilitation énergétique. Aprés le tournant des low-tech l’année dernière elle change de nom cette année pour passer « ingénierie de la transition énergétique ». Je garde la dominante low-tech pour les solutions techniques à apporter aux problèmes de l’énergie dans le bâtiment et je vous remercie vivement de vos ressources.

Je partagerai mon contenu dès qu’il sera assez pertinent.
J’ajoute cette année des séquences pédagogiques ludiques (une session de REVOLT le jeu de Clément Chabot pour sensibiliser à la dépense énergétique, disponible librement: https://la-revolt.org/, une session de Terrabilis …) et des études de cas « esthétiques » (comme ici:LeOFFduDD2021 - Résilience, la Ferme des Possibles à Stains (93) - YouTube) afin de donner des idées et faire germer les low-tech dans leurs entreprises. L’idée étant de contrer l’argument « c’est inesthétique, ce n’est pas vendeur… »
Affaire à suivre :wink:
Encore merci pour les ressources!!

1 « J'aime »

Bonjour à tous,

Je reviens vers vous pour partager mes récentes expériences et présentations. J’ai beaucoup réfléchi à comment présenter le Low Tech dans le contexte universitaire américain. Après différentes itérations (classes, workshops, séminaires), je dis maintenant que le Low Tech est une alternative techno-critique par rapport à l’approche dominante techno-solutioniste, qui s’appuie essentiellement sur 2 piliers: sustainability and social justice. Je me suis rendu compte qu’utiliser une définition simple comme celle-là était le plus efficace pour atteindre une audience américaine: aux US il est souvent préférable d’aller au plus simple sans entrer dans des définitions trop « niches » qui demandent du temps à expliquer. De plus, il est plus efficace de « capitaliser » sur des notions qui ont déjà le vent en poupe comme « social justice », gros buzz word dans les universités américaines en ce moment. Dans un deuxième temps, j’explique ce qu’il y a dans les « umbrella terms » de sustainability (local, resilient, circular, discerned…) et de social justice (accessible, convivial, desirable…).

J’étoffe ensuite mon « pedagogical framework » dans le contexte américain.

  1. Il faut s’assurer que les élèves comprennent bien ce qui se passe avec le changement climatique (selon une étude récente, seulement 30% des étudiants en ingénierie aux US comprennent bien la crise climatique). Pour ça, j’utilise la Fresque du Climat: je travaille avec eux aux US pour déployer la Fresque sur les campus américain (j’ai lancé un Climate Education Kick-Off à Duke University, et ça a un grand succès! - ça consiste à former les profs et étudiants intéressés à devenir facilitators pour qu’ils organisent des Fresques dans leurs classes par exemple. Beaucoup à dire juste sur la « climate change literacy » aux US si ça intéresse certains d’entre vous.)
  2. Les étudiants demandent clairement plus de hands-on action-based learning. En s’inspirant de ce qui se fait à Grenoble, je propose d’utiliser des Low Tech pour enseigner les fondamentaux de l’ingénierie (e.g. électronique avec la construction d’une lampe solaire). Ca aide à ré-engager les étudiants dans leur cursus, en voyant un intérêt pratique et sociétal à ce qu’ils apprennent (une autre étude montre que les étudiants américains tendent à se désengager de leurs études d’ingénierie s’il n’y a pas assez de focus sur le public welfare). J’organise des solar lamp workshops au makerspace de Duke et les étudiants aiment beaucoup - je collabore avec une nonprofit qui recycle l’électronique, je leur ai acheté des vieilles batteries d’ordinateur pour les piles).
  3. Aux US, le souci numéro 1 des étudiants c’est de trouver un bon travail après leurs études, d’autant plus vu le prix de leurs études. Donc il faut aussi ancrer l’enseignement Low Tech dans les perspectives professionnelles. Pour cela, je fais le lien avec l’économie circulaire (ça va être un gros marché, plein de nouveaux boulots à la clé…). Ca serait une autre discussion à part entière, mais ce focus complémentaire est assez efficace, d’autant que le sujet de la décroissance est tabou aux US… A ce sujet, j’espère pouvoir créer des nouvelles classes d’économie circulaire dans le cadre de mon prochain job de prof (gros marché, pas encore vraiment arrivé aux US certes, mais pas de formation disponible aux US!)

En somme, j’ai construit ce projet pédagogique petit à petit en me basant sur les carences du système américains et pour que différents types d’acteurs y trouvent leur compte (social justice, business, entrepreneurs, « woke »/« anti-woke »…) et anticiper les potentiels reproches. Avant tout, il s’agit de surmonter la polarisation du débat (extrême aux US) autour de ces thématiques. Cela m’a forcé à adapter ma présentation du Low Tech dans différents contextes.
Par exemple, j’ai fait un séminaire il y a 2 semaines à l’université du Nebraska (les universités en général sont très Democrat mais un Etat comme le Nebraska est très Républicain de par ses communautés rurales) - je dirais que c’était le 1er séminaire Low Tech aux US! En gros, le Nebraska a une énorme agriculture intensive et une grosse industrie de construction, et donc j’ai essayé de faire le lien avec ces domaines. J’ai eu que des bons retours, en tout cas pas de critiques (il y avait profs et élèves dans l’audience). Toutes ces idées sont très nouvelles pour les gens en général mais en expliquant avec des arguments qu’ils aiment entendre (donner des chiffres plutôt que des idées philosophiques, big business opportunities, big demand from students, social justice, …), je trouve que les gens sont assez réceptifs.

Pardon pour le pavé mais il y a beaucoup à dire sur le sujet, d’autant plus dans le contexte américain :slight_smile:

Pour ceux que ça intéresse, je joins les slides de mon séminaire de 40min (j’ai enlevé les slides non pertinentes), le pitch/résumé du séminaire, et ma présentation de 15min introduisant mon solar lamp workshop:

https://drive.google.com/drive/folders/1pq_Fxx6xCNJ3W2brEe78QNezFdyTfjmH?usp=share_link

Tout retour/question sera le bienvenu.

Alex

7 « J'aime »

Bonjour Alexandre,
Vraiment très chouette ta présentation. Il y a un élément qui m’interpelle et que j’ai du mal à comprendre : on reconnaît le schéma de la triple bottom line, que j’utilise désormais dans sa version inclusive (3 cercles imbriqués), et tu y ajoutes un cercle Technique (Technologique ?). Je trouve cela très intéressant mais je n’ai pas bien compris comment l’articulation se fait ; j’avais l’habitude d’envisager la technique comme l’un des éléments d’une activité qui, au pire, ne doit pas générer d’externalités négatives environnementales, sociales, économiques. En faisant de la technique une 4e sphère, je ne sais plus comment aborder/comprendre le schéma.
Je ne sais pas si un retour sur cet aspect est possible ici ?
Je te remercie,
Grégory

Bonjour Grégory,
Merci pour le retour. Je voyais ces 4 sphères (environnement, humain, business, technologie) comme une division possible de nos sociétés occidentales. Au début, il y avait juste l’environnement (évidemment le nom est mal choisi dans ce cas-là), ensuite les humains, ensuite on a découvert l’usage de la technologie pour contrôler notre environnement, et enfin on a trouvé bon d’en faire un business (en gros). Le capitalisme a gardé que c’est 3 dernières sphères, en reléguant la nature au rang d’externalité. Il s’agit maintenant de replacer notre environnement au centre de nos activités. Je m’inspire ici beaucoup de qui se fait en économie circulaire (cf Circulab par exemple).
Dans le cadre de la déconstruction Low Tech, je trouve important de donner un rôle à part entière à la technologie, car c’est le résultat du techno-solutionnisme ambient: souvent on investit dans le progrès technologique en tant que tel et après on trouve des applications, sans se demander si cela sert un besoin crucial (cf IA…).
Dans le cadre académique, ce schéma me permet de promouvoir l’importance des collaborations multidisciplinaires (sciences sociales pour « humain », environnementales pour « environnement », business school pour « business » et ingénierie pour « technologie »), et que y aura des jobs à la clé pour tout le monde, pas seulement pour les gens en technique.
En gros, je veux décrire graphiquement que la réflexion Low Tech (et transition écologique en général) concerne pas seulement 1) la technologie mais aussi 2) nos systèmes de pensée/comportements, 3) nos économies/business, et 4) notre rapport à la nature.

Merci pour ces précisions ! C’est plus clair :slight_smile: :+1:

Bonjour @alexguev

Très intéressant de lire les problèmes spécifiques que vous rencontrez !

J’ai l’impression qu’il serait peut-être intéressant de parler à vos étudiants « d’appropriate technologies » plutôt que de « low-tech ». En effet, c’est le terme consacré aux US pour décrire ce que nous appelons « low-tech » en France. Cela a deux avantages :

  • contourner les représentations péjoratives autour du mot « low-tech » (qui, dans le monde anglophone, renvoie au « low-cost », à l’opposition à la sacro-sainte « high-tech », ou purement à de la technique « dépouillée » à destination des pays pauvres) ;
  • vous inscrire dans l’histoire nationale (premier centre de recherche sur les LT, le National Center for Appropriate Technology, créé en 1976 aux USA. Il est toujours en activité et pourra peut être vous aider). Pour une histoire du mouvement aux USA (intéressant de donner une perspective historique ? → The Rise and Fall of the Appropriate Technology Movement in the United States, 1965-1985 on JSTOR).

Pour terminer vous mentionnez un de nos articles avec @AntoineM sur l’aspect « facteur humain » des low-tech en précisant que « il faut aussi penser à rendre les Low Tech sympa à utiliser ». Ce n’est pas tout à fait notre message. L’aspect « facteur humain/ergonomie » des low-tech est très fondamental et va au-delà de l’utilisabilité. Il s’agit de faire des arbitrages avec les humains (sur le niveau d’automatisation, sur les besoins à prioriser etc.) ou encore de faire attention aux aspects de sécurité.

En espérant que cela vous aide :slight_smile:

2 « J'aime »

Hello Alex, bon j’arrive 1 an après la guerre mais j’ai quand meme une réponse à founir x)

En termes de partage de supports de cours il y a aussi la plateforme EcoCLOUD, normalement il y a des choses sur la démarche low tech dessus, que j’ai créés avec Arthur Loustau pendant un projet étudiant ingénieur :slight_smile:

L’angle d’attaque qu’on a donné et testé avec 2 groupes de 10 pendant 1 semaine et avec 1 groupe de 8 pendant 6 mois (6ETCS) c’est d’y aller petit à petit sur les réfléxions liées à la technique :

1/ l’histoire de l’éco-conception
2/ les échelles d’impact des technologies
2.5/ les impacts des technologies sur plusieurs échelles en utilisant des vidéos de DATAGUEULE (youtube) ou d’autres vidéos connues de janco, d’un réveilleur ,… je suis sure qu’il y en a plein
3/ la question du besoin par un inventaire de ce que les étudiants ont chez eux, la compréhension de l’impact que ça a sur ces échelles et la fréquence à laquelle ils l’utilisent pour aborder le renoncement et les autres stratégies de changement d’usages , on fait aussi un atelier de démontage pour aborder le problème de la fermeture des savoirs
4/ les
Bien sur un partage de lectures mais surtout un résumé de celles ci (l’age des low tech, l’avenir sera lowtech, small is beautiful, l’entraide l’autre loi de la jungle, technocritiques de jarrige,…)

Et au fur et à mesure avec les étudiants avec qui on a travaillé sur 6 mois, on a abordé les notions de permaculture (bill mollisson, david holmgren), de communs (aaron schwars, elinor ostrom), de design centré sur l’utilisateur, le systemic design (cherches le livre « Design for sustainability » de Ceschin et Gaziulusoy qui recense TOUT ! ^^ ) et on va jusqu’aux transition towns de rob hopkins et autes notions + politiques :slight_smile:

  • à la relecture des derniers messages je pense cependant que ce n’est pas non plus inapproprié !
1 « J'aime »

Bonjour Clément,

Merci pour le retour, j’ai en effet réfléchi à utiliser « appropriate technology » au lieu de Low Tech. J’en discutais avec Clément Gaillard récemment d’ailleurs, après la sortie de son anthologie sur le Low Tech/ appropriate technologies. Après mûre réflexion, je garde pour l’instant le terme Low Tech.

En effet, la critique de la technique s’inscrit dans un contexte très différent aux US par rapport aux 60s/70s. Il y un énorme momentum en ce moment (principalement dans le milieu académique mais ça arrive dans la société) autour de la justice sociale, et en particulier la décolonisation (et même la re-indigénisation). En dehors du greenwashing, le terme environmental justice est vraiment au centre des discussions des gens sérieux (comme dirait Aurélien Barrau), notamment chez les jeunes (voir Sunrise Movement à l’origine des Climate Corps qui vient d’être annoncé!). Et je dois dire que ça fait chaud au cœur.

Dès lors, le terme appropriate technology ne me semble pas le mieux approprié (paradoxalement^^). Dans ce contexte de décolonisation, « appropriate » a une connotation coloniale (« make one’s own » étymologiquement, « land appropriation »). Même si bien sûr, l’origine de appropriate technology se trouvait dans l’autonomie et la petite échelle. Je préfère donc introduire le Low Tech dans un contexte plus moderne de decolonization of technique, et même de re-indigenization of technique (vernaculaire, adapté au milieu local, inspiré de techniques millénaires). D’ailleurs, coïncidence intéressante, il y a livre de Julia Watson qui s’appelle Lo-TEK: TEK veut dire Traditional Ecological Knowledge, terme que j’ai beaucoup entendu pour parler des savoir-faires indigènes. De mon point de vue, c’est vers là que la réflexion Low Tech doit aller, au moins dans les pays issus de la colonisation. Ca permet aussi de faire le lien entre cette réflexion décoloniale, principalement restreinte aux sciences sociales et environnementales, et l’ingénierie, pour l’instant très techno-solutionniste. Ca permet enfin de proposer de nouveaux imaginaires autour de cette vision de la technique, et l’inscire dans un mouvement plus global (ou glocal).

Ceci dit, c’est très intéressant de rappeler l’origine des appropriate technologies, pour rappeler que les braises de ce mouvement Low Tech se trouve aux US. Bien qu’éttouffées par le néolibéralisme et cet idiot de Reagan, elles ne demandent qu’à être ravivées.

Enfin, oui tu as raison j’ai pris un raccourci sur le facteur humain de ton article !

1 « J'aime »