Thèse low-tech - sciences de gestion

Hello,

Information d’une thèse que je démarre en sciences de gestion à l’université de Rouen.
Je suis preneur de tout retour :slightly_smiling_face: ou :expressionless:

Merci,
Grégory

Le récit des low-tech, du discours aux pratiques managériales : étude du passage à l’échelle entrepreneuriale de la démarche low-tech au prisme des modèles d’affaires

Les convulsions environnementales, économiques et sociales actuelles montrent la nécessité de réaliser des changements majeurs en faveur de la résilience de ces systèmes interdépendants, c’est-à-dire en faveur d’une durabilité forte (Triple Bottom Line imbriquée). Parmi les pistes explorées, le mouvement « low-tech » fournit en France et dans les pays francophones une voie d’expérimentation originale, visant à transformer la manière dont on envisage l’innovation, et orientant les transformations économiques et sociales induites par la transition écologique vers la construction d’un nouveau paradigme : d’abord focalisée sur l’expérimentation de systèmes techniques, l’activité du mouvement low-tech s’est rapidement étendue à une réflexion sur les écosystèmes sociotechniques, faisant ainsi naître au-delà d’un type de produit une « démarche low-tech ». Ses principes associent l’écoconception à des concepts économiques et sociaux forts, aujourd’hui encore situés à la marge des mécanismes classiques ; ils sont intégrés à la démarche comme des voies de transformation en s’appuyant notamment sur la confiance, le care et la coopération :

  • L’encapacitation, l’émancipation ou l’empowerment, points clés de la démarche low-tech et opportunités d’innovation dans les modèles d’affaires ;
  • Les communs, pouvant avoir trait autant aux process de production-distribution qu’au statut juridique de l’organisation ;
  • Le partage des connaissances via l’« open source » ou l’« open source hardware », présentes dans les discours low-tech mais qui concordent mal avec la notion d’innovation ouverte qui leur est habituellement liée ;
  • Les notions d’économie distribuée, d’écologie industrielle et territoriale ou d’économie régénérative par exemple, présentes dans les projections de passage à l’échelle de la low-tech ;
  • La notion de partenariats (territoriaux dans le cadre de l’ESS ou dans le cadre de développement de filières ; Triple Hélice ; liens entrepreneurs-artisans-scientifiques) ;
  • Le rôle des communautés de pratiques et épistémiques dans la mise en œuvre d’un modèle d’affaires low-tech (ressources, cibles, canaux de distribution, de communication) ;
  • Les notions de trajectoire et de paradigme, qui peuvent associer l’entrepreneuriat low-tech à la conception d’une économie renouvelée nécessitant des modèles d’affaires innovants (questionnement des usages et des besoins, utilité, localisation), et qui sollicitent aussi l’imaginaire et l’outil marketing.

Ces concepts clés, à rebours des mécanismes d’affaires classiques, amènent à poser la question de la viabilité de l’entrepreneuriat low-tech ; alors qu’il est susceptible de générer des innovations variées et concomitantes (de produit, de process, d’usage, d’organisation), il est dans le même temps confronté à des freins économiques, culturels voire réglementaires.

Comment les activités entrepreneuriales, existantes ou en création, peuvent-elle intégrer les principes de la démarche low-tech et ainsi se renouveler en faveur de la transition écologique et des transformations économiques et sociales souhaitées ? Quels sont les modèles d’affaires observables et qu’impliquent-ils en termes de transformations managériales ? Il s’agit d’étudier une nouvelle manière d’entreprendre, pour laquelle les modèles d’affaires doivent se réinventer. Sous l’angle des sciences de gestion, la thèse a donc pour objet de décrire et d’analyser la manière dont les entreprises s’approprient la démarche low-tech, de mesurer et d’expliquer les écarts entre la projection idéale de la pensée low-tech et ses concrétisations. Ces éléments doivent amener à expliciter les moteurs et freins managériaux de son passage à l’échelle entrepreneuriale, et à montrer dans quelle mesure et par quels moyens la démarche low-tech peut se transposer aux organisations à but lucratif. Cette analyse pourrait également permettre de proposer un modèle d’affaires théorique ou des outils à destination des praticiens.